Capitaine Born', départ en mission

Un messager, sobrement vêtu, cheminait en direction du Walkyrie.

Lorsqu'il arriva enfin, il jeta une brique qui s'écrasa contre le plancher avec un bruit mât.
Un membre de l'équipage, alarmé, accourut, soucieux de connaître l'origine de cette perturbation. Il vit alors une brique, entourée d'un ruban de soie, rougeâtre par endroits. Du sang.

Il démêla prestement le ruban et entreprit de lire la lettre qui y était attachée:

"Maljour, camarades Walkyrie.

Je vois vos yeux courir et déchiffrer ces lignes de gauche à droite, avant de retourner brusquement vers la gauche.

Une évidence? N'est-ce pas?

Pas forcément. Si vous vous montrez capables de lire ces lignes et d'en saisir le sens, c'est que vous n'êtes pas atteint de sénilité. A priori, votre cerveau parfaitement irrigué, informé par les terminaisons nerveuses présentes au coeur de vos yeux attentifs a tôt fait de saisir que ces lignes ont été écrites par quelqu'un que rien ne pressait en apparence, étant donné la longue et stérile introduction qu'il se permet de formuler.

Je suis dans l'incapacité la plus totale d'affirmer, fort d'une certitude absolue, que ces pensées vous ont effleuré l'esprit.

Mais je peux toujours deviner, comme je l'ai fait, devinant que vous alliez lire cette lettre en entamant chacune des lignes par la gauche, cela tient lieu d'exemple.

Si vous avez eu cette pensée, sachez que vous vous égarez. Le temps file et nul ne peut prétendre courir plus vite que le temps. Xelor peut le ralentir, le modeler, le rejouer, mais cela a toujours des conséquences plus ou moins lourdes. Nul ne peut prétendre avoir la main-mise sur le temps, cela s'applique à moi de la même façon.

Allons au fait: je suis en mission, une mission dangereuse. Dangereuse, mais quelle mission n'est pas dangereuse? Celles qui ne le sont pas sont aussi rares que dénuées de tout intérêt.

Fort de la certitude que votre faculté d'observation n'est sujette à aucun avilissement extérieur, à aucune anicroche, vous avez remarqué que ma présence sur le navire se faisait rare et discrète.

Cela n'est que temporaire, je reviendrai car, semble t'il, j'ai besoin de ce navire et celui-ci a besoin de moi. Les charges de ma mission sont telles que je ne pourrai pas revenir avant plusieurs semaines. Non désireux d'alléger mon fardeau, je prends la décision d'affronter et maîtriser ce destin qui est mien.

Aurez vous le cran et le culot d'affronter et maîtriser le votre? Je l'espère, car il est en tout point lié à celui du Walkyrie.

Un jour prochain, nous nous reverrons, portez vous bien et ne laissez pas au destin le loisir de vous diriger par ses caprices. Intimidez le, agissez de manière à échapper à son modèle de compréhension, le succès sera au bout du tunnel.

Capitaine Born'"